Après quelques mois en mer, Daniel (44 ans), dans son sommeil, soulève inconsciemment l’une de ses jambes pour contrebalancer le mouvement des vagues, cela au grand désespoir de sa femme.
Il est l’un des deux nouveaux pêcheurs espagnols à passer les deux prochains mois à bord du Brieiro Celeiro dans le Nord de l’Océan Atlantique pour pêcher le merlu. D’ordinaire, Daniel travaille dans le bâtiment, et vit avec sa fille Andrea (14 ans) à Camarinas, au nord de l'Espagne.
Son nouveau collègue, Brais, commence le même jour que lui. Il a 24 ans de moins que Daniel. Bien moins bavard que son aîné, Brais est rempli de cet optimisme qui caractérise la jeunesse.
Il n’a pas peur des tempêtes en mer et souhaiterait un jour devenir capitaine de son propre bateau ; sa compagne Marta n’est pas vraiment inquiète de l’absence de Brais durant les huit prochaines semaines.
Brais Muñiz et Daniel Carracedo ont voyagé jusqu’au village de Dingle dans le Sud-Est de l’Irlande, la veille de leur départ en mer.
Tous deux ont reçu un copieux petit déjeuner dans une chambre d’hôte pittoresque et familiale, à proximité du port, non loin des quais où sont amarrés les bateaux. Le propriétaire des lieux, John, ancien pêcheur de 40 ans a une bonne maîtrise de l’espagnol.
Sa salle à manger est remplie de bibelots sur le thème de la pêche, un bateau dans une bouteille, une statue d’oiseau marin sur la table ou encore des photos de l’océan accrochées partout sur les murs.
Les hommes écoutent ses expériences en mer.
John est déjà passé quatre fois par-dessus bord, mais il dit avoir neuf vies, comme les chats. En narrant ses histoires, il renforce le stéréotype « de grand conteur » connu des Irlandais.
Il adore discuter des films hollywoodiens tournés dans la région.
Une scène du nouveau Star Wars a été tournée ici ainsi que le dernier Harry Potter. Certains lieux autour de Dingle sont si extraordinaires qu’on se croirait sur une autre planète.
La matinée glaciale d’Irlande commence à se réchauffer alors que Daniel et Brais attendent dans un camion pour décharger le poisson. Puis destination l’Espagne pour ce gros véhicule réfrigéré.
L’océan Atlantique donne le rythme de travail, le bateau arrive avec la marée montante et durant quatre heures, de 15 à 19 heures, les marins vont devoir décharger le poisson capturé. Le bateau transporte 15 hommes et une pleine cargaison de merlus recouverts de glace, soigneusement répartis dans des caisses empilables.
La présentation des deux hommes à l’équipe est brève et ils se mettent immédiatement au travail. Brais est sur le quai pour charger les caisses tandis que Daniel guide les bacs en direction du camion.
Les hommes de l’équipage se relaient pour décharger le poisson et certains saisissent l’occasion pour téléphoner à leur famille. Le processus est bien rodé et mené avec efficacité.
Le bateau et ses deux nouvelles recrues, part juste à l'heure avant que la marée ne se retire. Il faudra attendre de nouveau sept jours avant que les membres de l’équipage n’aient du réseau pour contacter leurs proches.
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